Buenos días
Françoise ya se leyó el libro del que hablamos en la última entrada (que aquí seguimos buscando) y nos ha enviado un extracto que es el mismo que figura en googlebooks en español.
Saludos
Bonjour,
Après avoir lu le dernier article du
blog sur le livre de Guillaume CHEREL. Pour assouvir ma curiosité,
je me le suis procurée à la bibliothèque de Sainte Verge…
L’étrange fait divers sur la mort
de Gregory Hemingway (fils cadet d’Ernest) décédé dans une
cellule de la prison pour femmes de Miami à l’âge de 69 ans, va
changer le destin de Jack HEMRIT, écrivain et journaliste
quadragénaire, qui tente sans succès de rafistoler sa vie amoureuse
et artistique dans la campagne Toulousaine.
Découvrant la nouvelle, Jack se
précipite à Londres pour interviewer une mystérieuse « vieille
dame » qui après avoir séduit le jeune homme, qui de
révélation en révélation, va lui faire découvrir les mystères
de sa propre histoire familiale.
Et, par l’occurrence celle de son
grand’ père « Eusebio Rodriguez De Hoyos » surnommé
« Pedro » né le 03/12/1912 à Cuidad Rodrigo. D’ailleurs
sa description de cette localité est exceptionnelle, toute en image,
en couleurs.
« - Le coucher de soleil de
Cuidad Rodrigo fut un véritable spectacle. Sur la moitié de la
voûte céleste, du zénith jusqu’à la ligne d’horizon, une
luminosité s’étendait, d’Est en Ouest, étonnante par la pureté
de sa teinte pastelle mêlée de jaune d’or. Sur ce fond doré,
sous des nuages rose pâle,
Le soleil brûlait d’un orange
éblouissant tirant sur le rouge. C’était plus qu’un banal
coucher de soleil. Les couleurs vibraient. C’était une orgie de
couleurs vivantes. Elles explosaient comme un feu d’artifice à
l’horizon.
Des flammes de ciel ! Le ciel
en feu ! Une débauche de vie ! On y voyait aussi des verts
orangés, du vert frais éthéré, des rouges cuivrés et du grenat,
du violet et du bleu pâle.
La brume dorée se dissipait peu à
peu. Les jaune, rouge, orange devenaient moins aveuglants, pour se
transformer en teintes turquoises, vertes, roses, rouge sang,
lie-de-vin. Le pourpre et l’indigo devenaient bronze, les vagues de
couleurs ondulaient, pareilles à d’immenses serpents, puis,
subitement, toute cette splendeur, cette magnificence s’éteignit.
L’obscurité s’abattit sur la péninsule ibérique. »
Puis, il reprit sa route.
Personnellement, ce que je trouve d’étonnant dans ce récit, c’est
que certains prénoms sont changés, alors que le nom de Marcelo est
intégral et inchangé.
« L’air était doux à
cette heure matinale0 J’étais ébloui par le soleil qui claquait
sur les murs blancs, lorsque je me suis garé face la poste .J’ai
d’abord bu un café au bar « Hoyos churreiria », dans
le but d’engager la conversation avec un autochtone. Une
demi-douzaine de consommateurs, d’une cinquantaine d’années,
parlaient (fort) de tout et de rien, au milieu d’une cacophonie
(télé/radio) soigneusement entretenue par le jeune barman. Bien
qu’il y eût peu de clients au bar, finalement, je n’osais pas
leur parler .Je ne savais pas comment m’y prendre. Avaient-ils
entendu parler d’un certain Eusebio Rodriguez De Hoyos ? dit
« Pedro »… né à Cuidad Rodrigo, Je ne le sentais pas
.Non seulement ils n’étaient pas nés à l’époque de mon grand’
père, mais en plus je ne savais même pas où il avait habité. En
plus, un mec bizarre me mettait mal à l’aise. Il trouvait le moyen
de se coller à moi, dans mon dos, alors que nous avions largement la
place de nous étaler tout au long du zinc. Il était chauve, les
oreilles décollées, avait les épaules voûtées, et portait un
débardeur crasseux de sueur. J’avais beau m’avancer. Il avançait
avec moi. Le patron, ou son fils, regardait son manège d’un œil
agacé. Puis j’ai compris. Ce type était l’idiot du village. Il
donnait un coup de main, mais de n’était pas un garçon de café.
Le jeune barman finit par l’envoyer paître. Du coup, ça m’a
coupé le sifflet. J’ai renoncé à engager la conversation. J’ai
payé………………………………
--------------------Il commençait à
faire chaud. Je me suis engouffré dans la première ruelle à
l’ombre que je trouvai. Les rues piétonnes étaient propres, ça
sentait bon chez mon grand’ père.
Un petit vieux, juché sur un
bourricot………………a débouché à ce moment-là, d’un
passage en pente. Il portait une casquette en toile bleue.
-------------j’en qi profité pour savoir s’il connaissait la
famille RODRIGUEZ. Laquelle ? Il y en avait quatre ou cinq…
Forcément…………………………..
…………Les deux sympathiques
mémés (grand’mères) m’ont indiqué l’ayntamiento, la petite
mairie face à l’église.
S’y trouvait Jesus Marcelo
Hernández Lozano, brun, légèrement bouclé, traits d’espingouin
type. Taille moyenne, chemise Lacoste, nez épaté, jeans, mocassins.
Catho pratiquant, super sympa. Membre d’une association jumelée
avec un village français. Bientôt rejoint par son ami, Hondo
(prononcer « Rondo »), même âge, cheveux courts, tempes
grisonnantes, œil rieur, allure sportive, jeans, tee-shirt bleu
délavé moulé. Lesquels m’ont trouvé l’acte de naissance de
mon grand’ père en deux temps, trois mouvements.
Tout en prenant le temps de parler.
De me proposer un café. Le temps de faire des photocopies…
Un art de vivre, vous dis-je !
J’ai immortalisé l’instant. Ils disaient travailler pour la
justice espagnole.
Je n’en saurais pas plus. Ce que
je sais, c’est qu’ils étaient très chaleureux. Et qu’à dix
heures et demie, onze heures, c’était plié……………………………
…………………………..J’ai
regardé vers l’horizon. Respiré un grand coup. J’ai fait le
signe de la victoire avec les bras, le village de mon grand’ père
en contrebas………Le clapotis d’une fontaine me berçait les
oreilles. Il était temps de partir……. Mais avant de quitter
Hoyos, je voulais en savoir plus sur Pedro.
Qu’avait-il fait pendant la guerre
civile ?
Pourquoi n’avait-il pas participé
à la Résistance ?
Pourquoi était-il en robe sur une
photo ?
------------------------De retour au
village, pour manger, les deux types de la mairie et le vieil homme
descendu de sa mule m’ont invité à boire un verre.
Trois heures après, j’étais
bourré.
!Vete con Dios ! m’a dit le
vieux à la mule(ou le bourricot) avant de me quitter
Ma quête du grand’ père avait
fait le tour du pueblo. Mon histoire s’était transformée en
légende. J’étais l’orphelin français parti à la recherche de
son héritage… On m’avait vu pleurer de rage dans les rues…
M’isoler sur les hauteurs pour méditer… J’étais un grand
journaliste français qui préparait un livre sur le village…Les
villageois me ménageaient une surprise. Le maire était au courant.
Il est venu me saluer. J’étais chez moi à Hoyos. Je revenais
quand je voulais. Est-ce que je connaissais le vino blanco de
la région ? ! No !
Maintenant, si
Bueno.
Je n’ai pu payer qu’une tournée
de bière… Impossible de sortir le peu d’argent qu’il me
restait. L’alcool est une des choses les mieux partagées au monde.
J’étais l’invité d’honneur…ça tombait bien, j’étais
fauché. Après, je ne me souviens plus très bien Ils m’ont
nourri, gavé, abreuvé, écouté, parlé, et on a bien ri. Nous nous
sommes finis au fameux vino blanco de pitura, avec Felipe,
Celestino, Marcelo, et d’autres dont je ne me rappelle plus le nom…
Des flics, des avocats, des juges… Je n’osais imaginer comment ça
aurait tourné avec des repris de justice !
- Gracias Pedro, mi abuelo.
- A ta santé !
- ! Salud !
Grâce à toi, j’ai bar ouvert
dans le trou du cul de l’Espagne. J’ai une demi-douzaine de
nouveaux amis. Des hommes de trente à quarante ans. Tous
célibataires. Ce détail m’a frappé. Où étaient les femmes ?
Pas une robe à l’horizon.
J’allais aborder la question, avec
Jesús Marcelo Hernández, dans une des auberges de la tournée,
lorsque j’ai senti une main sur mon épaule. Je me suis retourné
et j’ai vu un homme gras, de mon âge, mais qui en paraissait dix
de plus, avec dans les mains la fameuse surprise annoncée : un
vieux cahier sur lequel était écrit à l’encre noire : A
pesar de todo(1936-1937).
Le manuscrit inachevé de mon grand’
père !
Cet homme, qui se disait mon cousin,
m’offrait le cahier évoqué par Missis Hicks (la vieille dame de
Londres). Il l’avait gardé comme une relique… Disait l’avoir
reçu de la sœur d’une grand- tante, installée en France à
Saint-Denis, qui était revenue mourir chez elle… A Hoyos.
Personne, n’avait pu le lire… puisque c’était en français…
et comme j’étais français… et que j’étais de la famille…
Il me revenait de droit. Il était à moi…………..
--------------------Quand j’ai
montré les photos du grand’ père, ils ont eu l’air surpris. …
J’avais oublié que, sur l’une d’elles, il portait une robe.
Ils n’ont pas insisté… comme s’ils étaient embarrassés pour
moi. Ou pour eux… Après tout, c’était un enfant de Hoyos.
Peut-être aujourd’hui parlent-ils encore de moi, dans les bars,
comme du petit-fils du travelo…. Je leur ai écrit, envoyé des
photos, depuis. Ils ne m’ont pas répondu. Serments de pochtron….
Des blagues courent sans doute sur
Pedro le Parigot en robe…. N’empêche qu’il s’était marié,
lui. Alors qu’eux étaient tous célibataires et sans enfant, sauf
le vieux torero. Ils ont fini par me l’avouer, leurs relations
amoureuses ne tenaient pas. Elles leur en demandaient trop…
J’acquiesçais. Je compatissais. J’étais solidaire. On était
entre mecs, j’en rajoutais même : faut dire qu’elles ont un
sacré putain de caractère les Espagnoles !
N’ayant mangé que des tapas,
lorsque nous sommes sortis de la troisième taverne, je leur ai dit
que j’avais faim.Hostia ! s’ est exclamé Hondo,
allons nous sustenter….Marcelo nous a alors invité à manger (et à
boire) dans son garage…. Et nous voilà, debout, moi mon cahier
sous le bras, saucissonnant autour d’une grande roue en bois,
transformée en table. Et toujours pas de femmes….
Je demandais régulièrement:
¿Dónde están las mujeres? Un gag récurrent. Nos rires ont fusé
sur la nappe cirée. Puis vinrent les pleurs du vieil Adolfo, el
bailador, le danseur au nez de pochtron et aux yeux de boxeur, mimant
les gestes du torero….Ses larmes coulant le long de ses joues,
lorsqu’il déclamait des vers en hommage à sa fille, Morte je ne
sais plus comment… Il rentra chez lui, en tanguant et reniflant.
Adios ! Adolfo au vino triste.
Vint
l’heure de nous quitter. Eux, allaient faire la sieste, et
reprendre le boulot à dix-sept heures environ. Moi, au lieu de
reprendre la route, sur mon fier destrier, je me suis dirigé vers un
autre saloon. Pas pour continuer à boire, pour éteindre le feu qui
brûlait en moi avec de l’eau et du café. Instinct de
conservation. Je ne pouvais décemment pas conduire dans cet
état……………
………………………….J’avais
de nouveaux amis grâce à John Baley-corn, Jean Grain d’orge, ce
diable d’alcool… Voilà un truc typiquement masculin, pas si
anodin. Se péter la gueule, deux heures durant, entre mecs qui ne se
connaissent ni d’Eve ni d’Adam, et s’en souvenir toute sa vie.
J’étais certain qu’ils ne m’oublieraient pas de sitôt,
là-bas.
-
¿ Te recuerdas, el Frances ? Su abuelo era homosexual… ¿Cómo
se llama ?
Jack !
Je m’appelle Jack. Et j’ai goûté au vin malin du Cabaret de la
Dernière Chance.
Jacko
de Hoyos.
C’est
ça, compañero….
La
tête qu’ils allaient faire quand ils recevraient le bouquin !
Avec la photo du mec en robe sur la couverture… Je me promettais
déjà de revenir avec mi madre, Dolores…. Pour leur traduire les
passages les concernant. On arrosera ça encore au vino blanco. Otra
vez ! Hoyos est jumelé avec Sainte Verge (canton de Thouars) :
pas Sainte Vierge, Sainte Verge : ça ne s’invente pas !
Les Sainte Vergeois savent dorénavant qu’Hoyos signifie « trous »
en espagnol. Mais les habitants de Hoyos savent-ils ce que signifie
« verge », qu’ils prennent pour une vierge ?
Mon
grand’ père est donc né à « Trous ». Le trou du cul
de l’Extrême et dur. Il y a une « Rue de Hoyos » à
Sainte Verge. Mais pas de Calle Sainte Verge à « Trous ».
Je ne m’en lassais pas : à Hoyos, un panneau indique
Hermanamiento Hoyos-Sainte-Verge : 1200 km. Des trous à Sainte
Verge ! Et vice-versa…. J’étais bourré. Complètement
déchiré. Raide déf’ :Yeeeeeeeaaaaaaaahhhhhhh !!! Z’
étaient faits pour s’entendre, putain ! Trous et Sainte
Verge ! Y a pas de hasard, j’vous dis…
!
Hostia ! Comme dirait Hondo. ! Madre de Dios ! !Adios
Hoyos !
Après
avoir bu de l’eau et du café, je suis monté dans ma Ford Ghia.
J’ai bien pensé y faire une sieste réparatrice, mais il faisait
trop chaud. Même avec l’air conditionné, j’aurais étouffé sur
place…. A l’arrêt. J’ai donc préféré rouler lentement pour
ne pas mourir borracho. Direction Cáceres (Patrimonio de la
humanidad)
Ceci
est un passage du libre « Les pères de famille ne portent pas
de robe » qui relate le séjour du journaliste, écrivain à
Hoyos, nous trouvons aussi les paroles du chant de la liberté, hymne
officiel de la République espagnole.
Bonne
soirée
Muchos
Besitos